mardi 28 avril 2009

AOC : rien ne change...


Stupéfaction de Frédéric Palacios à la lecture du recommandé qu'il vient de recevoir. C'est un carton jaune de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (ex-INAO), chargé de délivrer les agréments en Appellation. Depuis la réforme, les jurys sont présumés plus indépendants des gros producteurs locaux...
"Tu parles! s'exclame Frédéric. Ils ont trouvé un goût de "papier intensité 1" sur mon rosé 2008. tu me diras ce que c'est un "goût papier intensité 1"... Et ils ajoutent: "pas net, intensité 1". Pas net, je sais pas ce que ça veut dire. Si c'est que mon rosé est à peine filtré. C'est un choix, pas un défaut!"
En fait de "papier", le rosé de Frédéric se balade sur des notes de fruit assez surprenantes - "bourgeons de cassis", dit-il (?) - et d'une fraîcheur déconcertante pour un vin qui affiche ses 14°. Rosé de gastronomie, certes, mais pas pâteux pour deux sous.
"Le ponpon, c'est le commentaire de la secrétaire lorsque nous avons appelé. Nous, on pensait avoir été refusés, donc on n'était pas ravis : "Pas du tout!", elle nous a dit : "Ne vous inquiétez pas : c'est un avertissement, comme à l'école". Comme à l'école, t'entends, ça?"
Après les mésaventures de Jean-Baptiste et de Marcel, Frédéric fait donc les frais de la fameuse dégustation d'agrément. Lui s'en tire bien... En matière d'AOC comme de rosé, ça se confirme, le pire n'est jamais sûr. Mais on y va quand même tout droit.

A propos d'agrément, d'AOC et de refus, on peut lire aussi: "Elle te plaît pas mon AOC?", "Vin de table toi-même" ou encore "la Grosse colère de Marcel Richaud"...

12 commentaires:

CARPENTIER Luc a dit…

Bande de blaireaux......
D'un point de vue marketing à quoi bon jouer l'appellation si ses avocats sont aussi ignares!
Fred,ton appellation on s'en tape,bientôt tu vendras ton nom et ses messieurs seront à genoux devant toi.
C'est vraiment n'importe quoi!

laurent a dit…

Tout ceci me rappelle furieusement l'intervieww de Patrick Meyer par Oenophil il y a quelques année (on peut toujours la lire sur son blog) à propos de la réforme des agréements.

De plus en plus, j'ai l'impression que l'on souhairerai voir un gendarme coller aux basques de tous les vignerons qui ne sont pas dans la logique AOC du moment (et parfois ils y sont davantage que ceux qui les critiquent).
Triste, car cela veut dire que le débat d'idée et la libre pensée (et action) sont morts dans l'héxagone. Quel gachis.

Laurent

Jean-Baptiste Senat a dit…

Moi au contraire, je pense que c'est un signe fort d'encouragement pour se libérer du carcan de l'appelation Malepére ("Qui connait M. Malepére" aurait pu dire Ségo). Vas-y fonce, encore plus de Malbec, retrouve les carignan, les cinsault, les grenache qui ont fait la réputation du lieu au 19eme siécle !
Laisse donc le merlot à ceux qui veulent pour leur AOC du 12° à 100 hectolitres/hectare.
Jean-Baptiste

L'équipe d'Après l'Effort a dit…

@ tous : dans l'article cité plus haut par Laurent, Patrick Meyer disait ceci :

"Paradoxalement, le vigneron qui laboure, soigne sa vigne, travaille sans œnologie en cave, est montré du doigt. Atypique, extravagant, singulier. Il ne correspond plus au modèle de la région, au profil général. Si en plus on a le malheur d’aimer les vins sans artifices, sur l’élégance et l’essence - du mot essentiel - sans surcharge de sucres, de barrique et d’extraction, sans complaisance commerciale marqué par le variétal, on est pris pour un extra terrestre."

La totalité de cet entretien ici : http://oenophil.over-blog.fr/article-10760085.html

xavier a dit…

tiens je repassais par là,
et ça me fait penser que ce soir,
je vais passer dans l'une (la seule à en croire le caviste) des caves parisienne à proposer du "mas de mon père";
ça tombe bien, j'avais l'intention de prendre du rosé.

pinardier a dit…

petite réponse sur mon blog, en toute amitié...:

http://lefruit.defendu.over-blog.com/article-30827838.html

pinardier

L'équipe d'Après l'Effort a dit…

Sur son blog, Pinardier nous taquine gentiment en ces termes :

"A l’heure où (leVindemesAmis) se prend encore la tête avec les problèmes d’agrément, d’INAO, etc… une autre partie des vino-fans picolent tranquillou du vin de table de partout en France sans demander de papiers au produit ingurgité. (...) Vouloir à tout prix attribuer des papiers à ces vins est vain. Ils doivent rester dans la clandestinité, demeurer des vins de voyous, s’exprimer, se distribuer et se boire en dehors des cadres ringards de l’INAO."

Des vins "sans papiers", "Clandestins"... J'en bois et pire : il m'arrive de les aimer beaucoup! Mais au nom de quoi mes amis, s'ils le souhaitent, devraient-ils renoncer à une Appellation qu'ils participent largement à faire exister ? Certains tiennent à afficher leur terroir, à s'en revendiquer. La diversité, c'est aussi ça... Et c'est un joli combat.

pinardier a dit…

cher Laurent,
il ne s'agit plus de "renoncer à une AOC mais bel et bien de s'en séparer. Quand un couple va mal, le courage est de se séparer en toute conscience et pas d'insister en vain. Quand au terroir, je suis désolé mais il n'est pas représenté aujourd'hui par la stricte familles des vins agréés. L'AOC ne sert plus qu'a la grande distribution ou aux cavistes qui ne veulent pas se donner la peine d'expliquer, de "raconter" un vin. Une bouteille de vin ne se vend pas comme une tondeuse à gazon. il faut revenir un à commerce du vin (et à un commerce tout cour) plus responsable, avec un consommateur et un commerçant (ou vigneron) qui explique les choses et que tous deux y prennent du plaisir. Quand je vend une bouteille de Christophe foucher (la lunotte), j'explique qu'il vient de Touraine et notament de la Vallée du Cher. Ce n'est pas parcequ'il n'a pas le papier "touraine" qu'il n'a pas de terroir à revendiquer, bien au contraire même...
J'irais plus loin, les "Vins de Table" sont presque une chance aujourd'hui pour les sommeliers et les cavistes. ils montrent une différence visible entre les vins de GD et les vins d'auteurs et redonne au caviste ses principales missions: sélectionner (sur des critères de qualité et non d'AOC) et conseiller (donc expliquer).
Amis vignerons: faites les vins les plus beaux possibles, c'est à nous autres cavistes, sommeliers et consommateurs de nous adapter à vous et pas le contraire.

amitiés plus que sincères

Domino a dit…

Salut Fred
Te prends pas la téte , en gascogne c'est pareil , le dernier c'est Vain de Ru , soit disant évolué en décembre , la bonne raison c'est le manque de soufre ....
J'arrive à survivre à çà , alors toi qui a en plus à le soleil !!!
Allez surtout continue comme çà et n'oublie de mettre ton bonnet d'ane .
A +
Domino du Gers

Unknown a dit…

L'AOC n'est pas "Le Mal". Non, l'AOC c'est un bon moyen de défendre un terroir. Hors, défendre le terroir c'est aussi défendre une certaine conception du vin. Les AOC sont devenu des outils de standardisation qui s'adressent à des vignerons qui veulent faire une certaine qualité sans pour autant remettre leur conception de l'agriculture (du monde?) en jeu. AOC, pour de nombreux consommateurs, est un sigle qui délimite des rails et qui permet donc d'acheter sans prendre de risque. L'AOC est un outil d'achat et de production qui s'adresse au plus grand nombre. Son défaut est d'aller vers la moyenne au dépends de l'exellence.

C'est presque un penchant naturel, nos amis Italiens en font également les frais depuis longtemps. Alors vu que tout le monde n'est pas oenophile, que sur la planète certains veulent défendre un vin "hors terroir" et que des producteurs en voie d'absolution qualitative n'ont pour seule issue que l'AOC avant le passage à la sainteté du "vin à soit" (et c'est du premier degré), je dis l'AOC a encore des vertus. Aux vignerons de faire bouger les lignes.

albert London a dit…

On s'en cogne de l'appelation.
Le pinardier a bien raison : faites de bons vins, ils seront bus. Point barre.
L'AOC ne veut plus rien dire.
Le terroir? Parlez-en aux labos qui élaborent les vins de Bernard Magrez.
Les appellations confortent le crétin dans son ignorance face à un linéaire de chez Leclerc. Les vins de tables permettent le conseil, le dialogue, le partage. On n'achète pas un vin comme on va sur Meetic : âge, profession, salaire, mensurations, t'aime le cinéma ou la nature? Tu as vu l'épisode 5 de la saison 3 de desperate housewives ?
Le vin, le pif, on va le chercher avec passion, envie, désir, réflexion, amitié. Le vin est sexuel. Une sexualité qui ne se commande pas. Pas de viagra pour aimer le bon vin. Le cerveau suffit.
Les étiquettes, c'est pour la branlette.
Merci.

Pierre a dit…

On est d'accord! Bien évidement qu'on s'en fout de comment il s'appellationne. L'important c'est le plaisir!

Seulement, tout le monde n'a pas (encore) cette sensibilité là. Et pour y venir il faut des paliers, des repères, comme pour apprendre à marcher. Parfois, les gens n'ont comme offre, qu'un rayon de supermarché justement. Et le seul repère qu'ils ont c'est l'étiquette justement.

De plus, pour de nombreux vignerons, c'est l'émulation qui conduit à la qualité. Et le terroir, bien mené, peut tendre à cette émulation. J'en veut pour exemple les vins "Toques et Clochers" des SIeurs d'Arques. De nombreux exploitants, adeptes de la pastissade des vignes il y a encore 10 ans, se risquent à respecter un cahier des charges extrême afin de, peut être, faire un vin exceptionnel et reconnu par LES LEURS.

Voilà à quoi AOC devrait servir. Sans cet outil, je connais plus d'un type qui ferait encore plus n'importe quoi que ce qu'il fait aujourd'hui.