vendredi 18 janvier 2008

Vin de table, toi-même !


Pas content, l'ami Jean-Baptiste Senat, ce matin. La voix des mauvais jours, une pointe de colère et un brin d'amertume. Tout le contraire de ses vins. Il téléphone pour dire combien il est heureux de la naissance du blog et puis :
"Faut que je te dise, j'ai été ajourné vin de Pays".
Un blanc sur la ligne. De Paris, Je ne saisis pas tout de suite l'enjeu. Il m'explique, désabusé :
"Ajourné, ça veut dire qu'il n'ont pas voulu me classer les Arpettes en Coteaux de Peyriac (la plus petite des appellations locales, ndla). Retoqué pour manque de typicité. C'est ce qui arrive avec certains vins non sulfités, m'explique-t-il. La gamme aromatique est différente, décalée par rapport aux standards. Résultat, on n'est pas dans les clous : c'est pas assez formaté à leur goût...".
Formaté. Le mot est lâché.

En fait de sulfites, Jean-Baptiste fulmine. Il est vexé d'avoir été rejeté d'un rayonnage où s'alignent des vins qui n'arrivent pas à la cheville des siens. Des vins élevés en batterie à la coopérative, vendangés à la machine, traités chimiquement au nom de la rentabilité. Pas tous. Beaucoup tout de même.

Bien sûr, c'est moi qui le dit. Lui, le diplômé de Sciences Politiques, revenu aux sources familiales par passion, se garderait bien de provoquer les défenseurs de la "tradition", héritiers d'un temps où le Languedoc n'était qu'une succursale bordelaise. Échaudé par de précédentes bagarres, il évite désormais d'abuser de son franc-parler. Il n'est évidemment pas responsable du mien, forcément caricatural et injuste... Mais tout de même, cette fois, l'affaire a du mal à passer :
"Ça me tue, dit-il, de devoir mettre de l'énergie dans ces trucs là, j'ai déjà tellement à faire! Il y a tellement de gens qui ne vendent pas leur vins, franchement on se demande pourquoi on vient emmerder ceux qui font des efforts".
Bien sûr, il repartira à l'attaque, analyses en mains.

Sinon? Il fera avec, comme toujours. L'Arpette, son Merlot, son Carignan et sa Syrah, passeront en Vin de Table. Il ne serait pas le premier. Comme pour d'autres très beaux vignerons, son nom, fera office d'appellation. Dans les bars à vin nature de Paris, on ne fera pas la différence. Mais on a tout de même sa fierté.

2 commentaires:

La Cantine du Curé a dit…

Je suis d'accord avec Jean-Baptiste. je viens moi aussi de me faire ajourné pour un vdp des coteaux de peyriac car il est trop aqueu et avec des notes de tartre sec. Il faudrait qu'on m'explique qu'est ce que c'est des aromes de tartre sec ! Ces déustateurs sont des anes qui ne comprennent rien aux vins digestes. Sans être un grand vin, ma cuvée péte le fruit, il est super rond, c'est un vin de copain quoi ! Les gars qui n'acceptent pas des vins différent sont des sectaires sans intérêts, je pense donc déclarer mon vin en vin de table.
Benjamin

Anonyme a dit…

Le même type de commission à Fronsac a déjà déclassé certaines cuves de Fontenil chez Michel ROLLAND...
Où se trouve la crédibilité?
Luc