lundi 19 janvier 2009

Omnivore: un bon coup de fourchette...


Je reconnais qu'écrire sur ses amis peut avoir quelques avantages.
"Ah! tu as un blog sur le vin? Viens on se fait une bouffe!"
Ce jour-là, je me retrouve donc attablé aux "Terrines" (ex-"Neuf 7"), un nouveau bistrot comme on les aime. Délicieux et pas prétentieux. Rue du Cherche-midi, ça change... En cuisine: Gérard Vié, un retraité qui en redemande. L'ancien chef du Trianon Palace mitonne ses terrines et son pâté de tête avec amour et un brin de timidité. Le tout vient d'arriver sur la table, où l'attendaient, fourchettes levées, Luc Dubanchet (Omnivore, à droite) et Sebastien Demorand (multicarte, de RTL au Parisien). La bouteille de Côtes du Jura est déjà bien entamée. Un Chardonnay/Savagnin formidable signé Tissot. Un vin fruité qui glisse sur le palais.
"Attends, dit le tôlier, un grand ancien de la Cave parisienne. Je te fais glisser un Poulsard de chez Overnoy (en fait Houillon-Overnoy, ndla). Après, je dois y aller mais je mets un truc de coté..."
Il disparaît derrière le zinc et carafe un épais jus grenat. "Pour plus tard", glisse-t-il. Privilège d'initiés (eux, pas moi...): ici on ne choisit rien. On se laisse porter.

La conversation roule frénétiquement sur le parcours de l'un et de l'autre. Les deux se sont rencontrés à Europe 1 qui ne les a pas retenu longtemps. Ils ont tenté le Gault-et-Millau et puis s'en sont allés. L'un arrose de ses hallucinantes chroniques gustatives la place de Paris. L'autre, Luc, a fini par partir à l'assaut du "nouvel esprit cuisine" et vient de mettre la dernière main à son nouveau guide (à gauche).
"On a créé Omni il y a cinq ans parce que les journalistes ne font pas toujours leur métier, explique-t-il mi-sérieux, mi-provoc. J'avais peur de voir une génération se perdre. Des types sincères qui travaillent loin des grandes écoles, des purs exercice de styles et des grands genres. Des auteurs, en fait...".
Résultat, 200 tables dénichées à travers toute la France et au-delà. Parce que le "gastro" n'a aucune raison de snober les petits villages. Ni d'être snob tout court. Et il en a plein la bouche, Luc, de ses amis. Il parle avec passion de ces chefs qu'il réunit une fois l'an à Deauville pour l'Omnivore Food Festival. Tous ces types qui défrichent des terres inattendues, loin des sentiers balisés. Et qui commencent à découvrir, à leur tour les vertus du vin.
"Il y a encore du boulot, regrette-t-il. C'est toujours pas l'osmose mais disons qu'il y a un début de mélange... Regarde par exemple Laurent Chareau ("le Chat", à Villechaud, photo ci-dessous). Celui-là partage plein de chose avec les vignerons du coin. Sa femme travaille chez Dagueneau (grand nom du vin disparu récemment, ndla), ça aide... Il y a aussi des sommeliers extra qui jettent des ponts entre les deux rives: Benoit Biasolo, le frère du chef d'une "Auberge en Gascogne", une vraie encyclopédie... Ou encore Yvon Lebailly à Bagnoles-de-l'Orne ("Le manoir du Lys"). Lui, c'est le beau-frère du chef. Un grand pote d'Elian Da Ros et d'Antoine Arena."
Une affaire de famille. Le jeu des copains, encore et toujours... Et au final des hommes qui tissent des liens.
"Ils commencent à trouver le chemin, conclut Luc avant de filer mettre la dernière main à son nouveau site internet. Mais c'est long... Il faut qu'ils apprennent à aller chercher les vins comme ils vont chercher leurs produits, le nez au vent. Ça viendra..."
Même Alain Passard, l'amoureux trois-étoiles des légumes de saison ("l'Arpège") est en passe de se laisser tenter, dit-on, par une carte de vins natures. Le réseau encore. Toujours les amis.

Sur la table, la carafe est enfin arrivée. Le vin est d'un rouge profond. Le dernier quizz commence. "Ça goûte comme un grand Languedoc", lâche l'un. Pas faux. La langue claque. On identifie facilement le Grenache et la Syrah... C'est très rond, très séduisant. J'ai bien une idée mais...
"Vous avez trouvé? rigole l'homme de cave. C'est une Ebrescade 2006..."
Un Richaud pour finir. Mes amis décidément me suivent à la trace...


On peut lire aussi les chroniques d'Omnivore et le Carnet de route, en vente le 21 janvier. Le "OFF" réunira lui cuisiniers et vignerons à Deauville les 23 et 24 février.

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