mercredi 19 novembre 2008

Il faut sauver le soldat Bernard!


Il y a des études qu'il vaut mieux taire. Des sujets qu'il convient de ne pas aborder à haute voix. Pour ne pas avoir marché dans les clous la souriante Catherine Bernard, vigneronne mais toujours journaliste dans l'âme, vient d'en faire l'amère expérience. De quoi s'agit-il? 

Le 13 novembre dernier, elle fait état sur son blog d'une étude récemment réalisée par des chercheurs de l'Université de Kingston. Selon leurs expériences, "l'analyse de vins en bouteille en provenance de 15 pays, révèle que ceux de cinq pays, dont la France, recèlent la présence de métaux lourds à un niveau dangereux pour la santé". Pour info, le coefficient de dangerosité prend l'hypothèse de la consommation d'un verre de vin par jour. Ce qui, entre nous, semble loin d'être excessif...

Aussitôt publié sur son blog et sur Vitisphère, l'article déchaîne les commentaires reconnaissants... Et des mails bien moins sympathiques. Menaces. Accusations de "sensationnalisme". Demandes de rectificatifs. Pressions en tout genre... Catherine qui ne voulait que relayer une information se retrouve pris sous le feu d'une 
polémique enflammée. 
"J'avais oublié que ça existait, sourit l'ancienne journaliste, avec un peu d'amertume. Je me suis pris sur le dos une partie du lobby. Des présidents de fédération de ci, des anciens oenologues de là... Des anciens de l'industrie phytosanitaire... On m'a accusé de faire le lit des ennemis de la viticulture française. De vouloir la mort du vignoble. On a exigé que j'amende mon article. Résultat: la Confédération paysanne s'est saisie de l'affaire. Et j'ai eu l'impression de me retrouver au beau milieu d'un champs de bataille, au coeur d'une guerre d'influence qui me dépasse largement...".
Du coup, l'information traitée tout à fait naturellement par le Washington Post ou le Wine Spectator n'a toujours pas franchi en France le seuil des média traditionnels. 

Il n'y pas si longtemps, il avait fallu de longues semaines pour qu'une autre "toxique affaire" trouve sa place dans les colonnes de la Grande Presse. Lorsqu'en Suisse nos excellents confrères de la Télé Suisse Romande commandent et commentent sans complexe une étude accablante sur les pesticides dans le vin (à gauche), la presse française hésite même à s'en faire l'écho du bout des lèvres. 

Alors, oui, Catherine a eu raison d'en parler. Ne serait-ce que pour obliger les scientifiques français à s'en saisir. Si guerre économique il y a, elle ne doit en aucun cas être une guerre de tranchée.   


Et à propos de l'influence de la Chimie sur les vins: "Toxique Affaire" et "To bio or not to be?".
 

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh oui, la transparence et la liberté d'expression à la française !!!

De 2 choses l'une : ou ces études sont "bidons" et il faut le prouver et le dire bien fort. Ou ces études sont sérieuses et il faut aussi le dire bien fort et surtout en tirer le conséquences et adapter son comportement à la vigne et au chai.

Je ne peux m'empecher de faire le lien avec une autre affaire, qui n'a rien à voir mais qui est quand même révélatrice : l'affaire KERVIEL à la SG. Il a fallu attendre 9 mois et un article dans Libé la semaine dernière pour connaitre les noms des protagonistes intermédiaires (les N+2, N+3 et directeurs de branches tous X/Mines/polytechnique...) alors que dans la presse anglo saxonne, ces memes noms circulent depuis des mois.

Bon courage à Catherine

Anonyme a dit…

Oui, c'est bien triste mais ça se passe chez nous... Mieux vaut assurer son bifteck, même si cela signifie empoisonner les gens ! Le pire dans tout ça c'est que l'empoisonneur s'empoisonne lui-même au plus haut point. L'arroseur arrosé de la vigne en somme. Il faut vraiment être con ou sans ressource (mentale) pour ne pas tenter autre choses. Quand j'entends dire, c'est impossible, ça coûte trop cher, on perd du temps etc. ça me fait rire ! Comment font-ils ceux qui font tout sans pesticides dans la vigne et sans produits chimiques (ou très peu) dans la cave ? Sont-ils des surdoués de la vigne et du vin ? Une élite que personne ne peut suivre dans cette voie si difficile ? Vu leur nombre aujourd'hui, je ne pense pas. je pense plutôt que la facilité s'est imposé de façon déraisonnable dans ce secteur de la société comme dans tous les autres. La profession, elle, préfère ne rien remettre en cause. Il est tellement plus facile de fournir moins d'efforts et d'encaisser les euros. Alors en protégeant les copains, on se protège aussi...

Bravo à ceux qui gaspillent davantage de temps et d'ernergie (donc d'argent) pour nous faire goûter un vin meilleur, honnête et respectueux de l'homme et de son environnement ! Ceci étant dit, ils ne me semblent pas plus asphyxiés finacièrement que les autres... Quant aux autres, vous savez ce qui vous reste à faire... Et merci aux personnes qui ont la bienveillance (et le courage il faut croire) de relayer ce type d'informations !

Anonyme a dit…

Oh vnr,arrête ton char!Tu vis au pays des bisounours ou quoi,
Quand tu dis:"comment font ils ceux qui font tout sans pesticides dans la vigne",et bien il te faudrait pousser un peu plus loin tes investigations au lieu de te contenter de discours "attrape-bobo-gogo-concon-sommateur".Pour ta gouverne,saches qu'il y a plusieurs types de bios en viticulture:
-les bihonnêtes qui se contentent juste d'utiliser de la bouillie bordelaise(le cuivre est un métal lourd qui est une belle cochonnerie que la viticulture d'antan nous a laissé en héritage dans nos sols),du soufre(résidu de la pétrochimie),de la roténone(mise en cause dans la maladie de parkinson),des phéromones de SYNTHESE(beurkkkk,c'est pas beau!)et j'en passe.
-les biopportunistes qui surfent allègrement sur la vague médiatique et qui pour protéger leur récolte utilisent les mêmes pesticides mais qui en plus vont faire un petit pèlerinage en Espagne quand les conditions climatiques de l'année sont difficiles.
En viticulture,il n'y a pas que des blancs ou des noirs,il y a tout juste des gris clairs et des gris foncés!

Anonyme a dit…

Et bien Gus, je ne sais pas ce que tu bois toi, mais c'est pas que du vin (nature?) apparemment ! Ton discours n'est pas un discours de bobo (c'est quoi d'ailleurs un discours de bobo tiens ?) mais sous couvert d'arguments scientifiques et de pseudo-typologie à deux termes du bio (qui n'engage que toi par ailleurs), on sent bien le discours classique et bien rodé "y a pas moyen de faire autrement". Certains ne mettent rien dans leurs vignes et dans leurs potagers mais c'est devenu suspect aussi ! alors "ce n'est pas possible" ! "il mettent bien quelque chose" !

Quand quelque chose de nouveau tente de s'implanter, les vins "natures" en l'occurrence, de donner une autre vision des choses et de se différencier (pour exister c'est nécessaire pour qui ou quoi que ce soit), il est plus facile de s'accrocher aux basques du passé et de dire que c'est du néo bobo, de rejetter en bloc. ça évite de réfléchir, ça rassure mais ça fait pas avancer.

Pour les investigations, merci de tes conseils mais j'ai déjà fait "mes investigations" empiriques et techniques pour me faire mon avis.

Anonyme a dit…

Chiche vnr,pour te prouver que moi aussi je suis en quête d'une autre viticulture,ça serait sympa de me communiquer le nom des domaines que tu connais qui"ne mettent rien dans leurs vignes".D'ailleurs,c'est une catégorie de viticulteurs bio que je ne connaissait pas(je m'endormirai moins con ce soir!)Mais attention,quand tu dis RIEN,je veux que ça soit RIEN(même pas les pesticides que j'ai cité plus haut qui sont au cahier des charges de la viticulture bio).Je ferai moi aussi auprès d'eux mes investigations et si ça marche,je m'empresserai aussitôt d'appliquer ces principes chez moi,je suis preneur,écologiquement et "porte-feuillement"parlant!

Anonyme a dit…

Chers amis,

Je réponds ici plus précisément à la réactualisation de l'article "Toxique affaire" (...) Je rappelle - modestement mais fermement - en préalable à mes commentaires, que "les chiffres n'ont pas d'opinion" et que "en chimie, c'est la dose qui fait le poison" (ce poison fût-il "naturel" ou "de synthèse").

De quoi s'agit-il donc?... "L'étude sur la présence de résidus de pesticides dans le vin" a été publiée le 26 mars 2008(...). Pour s'en tenir aux seuls vins français, 10 ont été analysés, et 11 molécules - appelées "substances actives" - figurent parmi les résultats.

Tout d'abord, on observe que rien n'est dit de la fréquence de présence de chacune des molécules.

Par ailleurs, l'élément le plus important - qui ne figure pas dans l'étude - est la mention, pour chaque molécule analysée, de sa LMR ("Limite Maximale de Résidu") (...) L'examen détaillé des teneurs obtenues pour les 11 molécules analysées montre que: 3 molécules ont une teneur < 1 pour 1000 de leur LMR (c'est à dire 1000 fois moins), 6 une teneur < 1 pour 100 de leur LMR, 1 une teneur < 2 pour 100 de sa LMR, 1 une teneur < 5 pour 100 de sa LMR. Soit, sachant que la LMR représente la "concentration la plus élevée légament acceptable", des teneurs très faibles et très inférieures à ces limites.

L'étude affirme ensuite que "parmi les résidus trouvés, de nombreuse molécules sont des cancérigènes possibles ou probables, des toxiques du développement ou de la reproduction, des perturbateurs endocriniens ou encore des neurotoxiques". Or, l'examen des résultats des analyses montrent que cette affirmation est fausse ou imprécise (...): 7 (64 %) ne sont pas classées "cancérigènes", 9 (82 %) ne sont pas classées "toxique pour la reproduction ou le développement", 10 (91 %) ne sont pas classées "perturbateur endocrinien", 11 (100 %) ne sont pas classées "neurotoxique".

De plus, rien n'indique dans l'étude quelles seraient les teneurs de ces molécules au-delà desquelles les effets annoncés seraient observés, et par conséquent quelles seraient les quantités des vins concernés qu'il faudrait absorber - et pendant quelles durées consécutives. (...)

Souvenons-nous toujours qu'en ces matières, la question n'est pas uniquement d'ordre qualitatif (présence ou absence de résidu) mais bien plus essentiellement d'ordre quantitatif (quel niveau de concentration par rapport à quelle référence pertinente pour valider un risque), et que si - là aussi - "le diable est dans les détails", il n'est pas forcément dans ceux qu'on croit...

A la bonne vôtre
Bernard GRANDCHAMP (Ingénieur agronome - oenologue, Expert environnement et protection des plantes)

L'équipe d'Après l'Effort a dit…

Chers amis,

dans un soucis de concision, je précise que le message précédent a été réduit par rapport à sa taille initiale.Les coupes sont indiquées par le signe: (...). Elles ne modifient en rien le sens du propos du professeur Grandchamps qui reste libre d'apporter plus de précisions s'il le souhaite...

Je retiens pour ma part l'idée qu'"en chimie, c'est la dose qui fait le poison: ce poison fût-il naturel ou de synthèse". Je sais que cette phrase a interpellé certains de mes amis, notamment sur les dosages de cuivre en agriculture biologique.

Bon débat!

Anonyme a dit…

Ouais,tout à fait!le plus de la viticulture bio,c'est qu'ils n'empoisonnent pas la terre rapidement.ils la polluent d'avantage sur le long terme....

Anonyme a dit…

http://www.mdrgf.org/pdf/Rapport_vin_pesticide_fr.pdf

Cf, dernière page