lundi 3 mai 2010

Les risques du métier (2)


Au Sud comme au Nord, on fait parfois de drôles de découvertes en labourant ses vignes. A Cairanne, il n'est pas rare de tomber sur d'énormes coquilles d'huître, vestiges des temps où la mer chatouillait les pentes de Montmirail. A Chablis, le mois dernier, la pêche a été autrement plus dangereuse pour l'ami Thomas Pico:
"Regardes donc ce que j'ai trouvé après le passage de la charrue, alors que je taillais mes jeunes plants", rigole le vigneron en montrant dans sa main... Un obus de mortier. "Belle pièce, pas vrai? Elle fait la taille de mon sécateur... Au moins 18 centimètres!"
C'est qu'avant d'être classé en Chablis Premier Cru, la Côte des Beauregards faisait office de champs de tir pour l'armée américaine. On n'y a planté la vigne que plus tard. Et puis on a oublié une histoire... Qui se rappelle régulièrement au souvenir des vignerons.
"Ca fait toujours bizarre, concède Thomas. Sur le coup ça fait même un peu froid dans le dos. Mais on commence à être habitué. Il y a trois ans j'en ai déjà trouvé un. Et mon voisin de parcelle en remonte régulièrement".
Pas impressionné, donc, le jeune patron du Domaine Pattes Loup s'est contenté de déposer l'obus à coté du piquet de tête. Puis il a terminé, paisiblement, la taille de ses jeunes pousses. Et voilà comment, à Chablis, on fait du vin en slalomant entre les munitions de la dernière guerre... Qui a dit que vigneron était un métier tranquille?

On peut aussi relire la version 2008 des "risques du métier".

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