samedi 6 septembre 2008

La dernière ligne droite.


Il pleut sur Peyriac... Et ce n'est pas trop tôt. Jeudi, il est enfin tombé douze millimètres sur ce petit coin de Minervois, assoiffé par les épisodes caniculaire de la fin août. Une goutte d'eau, c'est le cas de le dire. D'autant que la grêle était, elle aussi,
de la partie.
"On a été touché, constate Jean-Baptiste Senat. Rien de catastrophique comparé à d'autres (Madiran en juin, Saint Chinian, Pézenas et Faugères cette fois, ndla), mais j'ai un peu de dégâts dans les Carignans. Des grains éclatés... Avec risque de moisissures. Du coup, lundi, on traitera à l'argile."
Un traitement de plus pour une année qui n'aura ménagé ni les hommes ni les vignes. Il n'empêche... Cette pluie, n'a pas fait que du mal:
"Franchement, même si ça n'a duré qu'un quart d'heure, on prend tout de même, tempère le vigneron de Trausse. C'est presque inespéré pour les vignes. Cette humidité, c'est toujours ça de pris pour un raisin qui commençait à souffrir très fort. En plus, c'est là que le travail paie: seuls les sols meubles, bien labourés, aérés, profiteront de l'aubaine".
Cette tension des derniers jours avant vendanges, on la retrouve à peine 30 kilomètres au sud-ouest, chez les Palacios. Adossés à la Malepère (350 mètres au dessus du niveau de la mer), ils ont bien sûr profité de la fraîcheur des nuits. Mais là aussi le soleil a cogné fort. Il a fait si chaud en août que "les frênes sèchent sur place", observent les habitués.
"Par deux fois on a touché des 35 degrés à l'ombre, explique Frédéric Palacios qui, hernie discale oblige, parcourt ses vignes harnaché dans une ceinture de contention. 35 degrés, c'est beaucoup pour des terres qui n'ont pas stocké suffisamment d'eau l'hiver dernier. Du coup, les vignes sont en stress... Et nous aussi!"
A Arzens, les voisins ont déjà commencé les vendanges. Les premiers blancs sont déjà en route pour le Val de Loire: ils finiront en mousseux. Très peu pour Frédéric qui tient à son appellation comme à la prunelle de ses yeux. Les chasans (ci-dessous à gauche) mûrissent trop vite, les grappes sont lourdes de fruits, tant pis. Le vigneron croit avoir trouvé la parade:
"Je vais accélérer la cadence et faire deux vendanges sur les blancs: une première dés la semaine prochaine. Une autre d'ici quinze jours. Je vais aussi ramasser les grappillons (petites grappes peu développées et vertes, ndla), que j'ajouterai aux raisins vendangés mûrs. Ça donnera aux vins l'acidité dont ils risquent de manquer".
Pourtant Frédéric continue à croiser les doigts. Il rêve qu'un bel orage, une pluie généreuse, vienne redonner du souffle à ses vignes:
"Mais un orage, un vrai, précise-t-il. Sinon, c'est comme pisser en l'air..."
Un orage. Mais surtout pas de grêle... Il ne manquerait plus que ça.

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