jeudi 19 juin 2008

Tisanes d'orties et autres contes


Cette fois, mes amis sont sur le sentier de la guerre. Le mildiou est passé à l'offensive et, lessivée par les pluies, la vigne est soumise à toutes les agressions. L'heure est venue de lui donner des forces. Voilà pourquoi, cette semaine, le nez dans les pissenlits et les fleurs de ses Petits Courbus, Dominique Andiran s'est mis à cueillir des brassées d'orties.
"Je taille l'herbe cette semaine parce qu'elle a tout envahi, explique le Gersois. Et puis, comme c'est lune descendante, elle repoussera moins vite. J'en profite pour faire le plein d'orties et je touillerai tout ça samedi avant de pulvériser ma tisane sur les vignes".
La "tisane d'ortie", bien connue de nos grand-mères pour ses vertus diurétiques (entre autres...), serait ainsi devenue l'arme fatale "bio" de la vigne. On ne sourit pas. L'affaire est sérieuse.

Quelques centaines de kilomètres plus à l'est, au Domaine Richaud, on s'affaire dés potron-minet autour du "dynamiseur": une barrique de brassage dans laquelle l'eau et les orties seront mélangées. Il est cinq heures du matin, un jour "fruit" selon le calendrier lunaire que les bio-dynamistes suivent à la lettre. Le fût a été placé comme il se doit à ciel ouvert "loin de tout propagateur d'ondes électriques ou de vibrations". 

Ce matin là, Marcel et ses équipes préparent la potion magique.
"En fait, explique le vigneron de Cairanne, c'est de l'homéopathie appliquée aux vignes. L'ortie, c'est un produit naturel qui va stimuler la feuille en douceur, la renforcer, lui permettre d'être plus résistante. Parfois je travaille avec de la prêle, du purin ou de la silice. En fait, je ne traite pas toute mes vignes comme ça. Seulement celles qui ne réagissent plus aux produits traditionnels".
Une prière, donc, pour qu'il ne pleuve pas (trop). Et c'est parti pour un tour... Pardon! Un tour à l'endroit, un tour à l'envers. Cinq minutes dans un sens puis cinq dans l'autre. Et ainsi de suite. Une petite heure en tout. C'est le secret de la méthode qui alterne "tourbillons" et "chaos". La scène se jouera ainsi chez Gautherot en Champagne, Ostertag en Alsace, Berlioz et Maillet en Savoie... Certifiés Demeter ou pas, membre de clubs ou pratiquants isolés, la biodynamie gagne des adeptes chaque année.
"C'est ma troisième saison, ajoute Marcel Richaud. Et je dois reconnaître que c'est un succès. Et pas que pour la vigne. C'est une façon douce de penser... Mes gars adorent participer à ces moment-là. Je ne suis pas un intégriste de ce genre de pratique, mais je dois reconnaître qu'il y a des moments de plaisir, de bien-être dans la préparation des eaux. Je me suis même mis à prendre des tisanes de prêle lorsque j'ai mal à la tête!"
Certains sont sceptiques. D'autres, au contraire, y croient dur comme fer. Sur les pas de Steiner et de son apôtre français, le célèbre Nicolas Joly, ces militants lisent, mangent... vivent "bio-dynamique". Chez les Richaud comme chez les Andiran, on l'a compris, on est pratiquant plutôt que croyant. Après tout, comme dit Dominique:
 "Si ça marche... Pourquoi s'en priver?"

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un commentaire Hors Sujet, pour dire que je découvre ce blog avec beaucoup de plaisir, il est à la fois pétillant et long en bouche :-)

Surtout il me fait découvrir une autre manière de choisir mes vins. Bravo et merci.

Anonyme a dit…

C'est par hasard,
par un contact de Lille qui l'avait relevé,
que je découvre ce blog.
Les pieds sur le terroir, les mains dans les vignes et les narines sur les vins.
Un hymne à l'ouvrage des vignerons artisans.
Bravo - Merci.

Et content de voir que les conseils de Jacques Mell sont mis en pratique parmi vos amis vignerons ( photos du dynamiseur chez Marcel Richaud)

Bien à vous,

Francis