Dans la semi-obscurité du chai, les futures Terres d'Aygues prennent leurs aises. Les cuves, remplies à ras-bord laissent déborder un filet d'un rouge grenache. La trace claque sur le ciment gris.
"Ici, je stocke le vin que j'embouteillerai d'ici un mois ou deux, explique Marcel en soulevant le couvercle bordeaux. Les terres limoneuses qui bordent la rivière ont plutôt bien donné cette année. 2008, tu sais, c'est une année légère. On a eu beaucoup d'eau. Et ça rend plutôt pas mal"Et il joint le geste à la parole en plongeant deux petites bouteilles au coeur de la cuve. Pas écrasée de soleil, c'est sûr, ces Terres d'Aygues. Sans lourdeur et joliment parfumées dans le verre. De ces notes de fruits rouges qui sont la signature des vins de Marcel.
"C'est pas immense, mais c'est joli", commente le vigneron, heureux du résultat.
Déjà nous voilà dans l'escalier de bois qui descend vers l'immense cave, creusée par le vigneron et son père dans la terre de Cairanne. C'est que l'artiste tient à montrer ses dernières merveilles, ses "bijoux", comme il dit : deux énormes foudres dédiés à la patine des Ebrescades. Le jus prélevé est complexe, déjà, mais à peine marqué par le bois.
"C'est ce qui est formidable avec ces foudres, commente Richaud, des étoiles dans les yeux. Ils sont fabriqués avec un chêne merveilleux, d'un très beau grain. Pour moi qui ai commencé à vinifier dans des vieux foudres à bière, presque des passoires, c'est un luxe formidable. Le vin respire. Il s'oxygène doucement, sans manipulation, sans brutalité. En fait, le foudre fonctionne comme un poumon. Tu vois, on dit souvent que le bois "masque", "brutalise"... Mais quand on n'en abuse pas, c'est aussi un révélateur d'excellence!".Démonstration quelques mètres plus loin, autour d'un demi-muids rempli de Cairanne 2007. Alors que ses petites soeurs sont déjà en bouteille (le 2007 est en vente depuis quelques mois), ce jus-là s'est vu offrir une rallonge. La matière y a gagné en souplesse. La bouche en fruit. Sur cette cuvée à 15 degrés, le bois joue les modérateurs.
"Cette barrique là fera exclusivement des magnums, confie Marcel. C'est une belle manière de continuer à offrir de l'espace au vin. Pour lui permettre de s'accomplir."
A la surface, Marco s'agite. L'incontournable bras droit de Marcel a hâte de repartir. Le vigneron opine. Il faut terminer les derniers traitements de "corne" avant la pluie. En bio, la vigne n'attend pas.
1 commentaire:
ça donne vraiment envie d'y retourner, et de goûter ces vins "à même le tonneau"! les quilles de Marcel sont arrivées à la cave, quel bonheur d'en faire profiter les preneurs!
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