lundi 12 janvier 2015

#Buvons !


Il y a des semaines où l'on n'a pas le coeur à boire. Ou alors trop. Et donc mal. Des semaines où le silence s'impose comme une évidence face à l'horreur. 

Et puis je suis retombé, au hasard de ma bibliothèque, sur Le Vin des rues, du journaliste Robert Giraud. Ce petit bijou est une balade dans le Paris des années 1950, le Paris intrépide et insoumis qu'incarnaient si bien, à leur manière, Cabu et Wolinski (dessin de gauche pour "les Domaines qui montent" - 2014). Un monde de bistrots, de tatoués et d'artistes qui ne lâchaient rien. Et surtout pas la Liberté.

"L'eau, Robert Giraud la laisse à la Seine et au grand ciel au-dessus des toits qui parfois s'ouvre en deux comme s'il se fendait d'un grand chagrin", écrit Philippe Claudel dans sa lumineuse préface. "Dans le monde de Giraud, ajoute-t-il, on boit parce qu'il faut bien vivre un peu, continuer, se dire quelques mots, se donner quelques regards, afin de se croire moins seuls, moins perdus." Alors, j'ai refermé le livre et j'ai ouvert une bouteille de beaujolais. Un Morgon de chez Marcel Lapierre.

Marcel, disparu il y a quatre ans, était lui aussi un bagarreur et une grande gueule. Il fut de tous les combats aux côtés de son copain Siné et du "Charlie" de la grande époque. Il avait un sacré caractère. Son morgon - que son fils Matthieu et sa femme Marie continuent à faire vivre - est aussi souple et fruité qu'il pouvait être déterminé. C'est un refuge dans la tempête, un vin de copains, de ces amis disparus et de ceux qui restent... Un nectar, que l'on boit comme nous étions des millions à défiler hier: pour se sentir "moins seuls et moins perdus". Et pour éloigner le chagrin.


Vins Marcel Lapierre - Domaine des Chênes, 69910 Villié-Morgon

Tél. : 04 74 04 23 89
Morgon 2013, autour de 16 euros au domaine.

Le Vin des rues, de Robert Giraud
Stock, collection Écrivins
15 euros

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