samedi 27 octobre 2012

Rituel


C'est un rayon de soleil. Une éclaircie. Un bras d'honneur à la grisaille et à la pluie. Le blanc du vendredi, c'est une revanche. Mais c'est aussi un rituel. Une fête de la Libération. Une action de Grâce.
Le moment où, la tâche accomplie, on s'aventure enfin dans la cave à la recherche de la récompense: la bouteille de raisin doré dont on a rêvé pendant quatre longues journées.

A cet instant, plus de stress, plus de contrainte. Plus d'ascèse, non plus. Le geste est gourmand. On sait que le plaisir ne se fera plus attendre longtemps. Mais pas trop vite... Il faut prendre le temps de choisir son voyage. Et laisser l'Elue rafraîchir doucement. Perdre quelques degrés. Juste ce qu'il faut. Alors viendra le moment d'en faire sauter les derniers remparts, d'extirper le bouchon et de regarder le flot jaune, libéré à son tour, couler jusque dans le verre.

Un instant encore... Pour le nez. Car ce blanc du vendredi, a l'odeur de l'été perdu et retrouvé. Il a l'odeur de l'ombrageux figuier des Sénat (photo) ou celle, voluptueuse, du maquis corse que l'on a parcouru dans les pas d'Antoine Arena.

Un voyage, on vous dit!

Selon les semaines, on empruntera ainsi les chemins pierreux des Corbières à la recherche d'un grenache gris résolument Magnon ou les pentes du Jura à la rencontre d'un Savagnin made in Clairet. On ira se régaler du Macon mûr et tendu des Valette ou des chenins amoureux de l'ami René Mosse... A moins que l'on ne craque pour le magistral Cairanne blanc des Frères Alary. Au gré des envies... De l'inspiration... Des souvenirs.

Parfois, la bouteille accompagnera jusqu'au dimanche un bar ou un mulet rencontré au marché. Parfois, elle n'aura pas même survécu au Premier jour. Car il en est ainsi du blanc du vendredi: son destin n'est jamais fixé d'avance. Et ça en fait tout le goût.


Chaque semaine, retrouvez le "verre du vendredi" sur twitter, #AprèslEffort...

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