A première vue, on croirait un lac gelé...
Et puis, l'étonnement passé, on reconnaît les piquets de vignes. On distingue les stalactites qui courent sur les fils et recouvrent les ceps d'une gangue de glace. C'est qu'il a fait jusqu'à moins 10 degrés, certaines nuits de la semaine, sur les coteaux de Biaune et de Sorbée.
"On a réussi à protéger... Un peu...", lâche Hélène Gautherot.Mieux que ça, en fait. Car Bertrand, cette fois, avait prévu son affaire pour protéger ses Chardonnays et ses Pinots noirs. Refroidi par la tuile de 2004 et les pertes de 2011, le champenois a mobilisé ses troupes pour éviter le pire. Chaque fois que le gel menaçait, il à mis le réveil à minuit et scruté le thermomètre à s'en faire mal aux yeux.
"Le soir tu regardes la température et tu imagines la suite. Alors tu te lèves, t'enfiles ta parka parce que ça pique dehors... Et tu passe la nuit dans la camionnette à deux ou trois. Tu scrutes. Tu joues avec la lune blanche, qui rafraîchit l'ambiance et le nuage qui viendra la réchauffer de quelques degrés. Et quand il faut... C'est parti! On arrose!".Le secret est là: pulvériser sur les vignes de l'eau à 4 degrés, en jet continu, pour empêcher les bourgeons et les premières feuilles d'être saisies, de griller sur le sarment. Le paradoxe veut que le glaçon qui se forme, parce qu'il reste humide, protège la plante du gel. Protection naturelle garantie, bien mieux que la chaufferette au fioul qui a longtemps obscurcie de son nuage noir les nuits champenoises.
A propos des Gautherot, on peut aussi lire (entre autres) : "Dans les bras de Sorbée"
2 commentaires:
Bonjour Laurent,
superbe ta première photo.
Merci de ce beau témoignage d'amour d'un homme pour sa vigne...
Si j'avais connu l'astuce de l'eau à 4°, peut-être aurai-je pu sauver mes deux petits pieds... mais à -18°, la nature n'a pu résister.
Les photos sont superbes.
Tatieva, art et vin
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