lundi 8 juin 2009

La divine surprise de Bruxelles


Mais quelle mouche a donc piqué Mariann Fisher-Boel? A la surprise générale ce matin, la Commissaire Européenne à l'agriculture a décidé d'enterrer son fameux projet de "rosé de coupage". Pour ne pas risquer, explique-t-elle, de "saper l'image du rosé de tradition". Exit donc l'idée saugrenue de réaliser demain des cuvées issues de l'assemblage de vin blancs et de vins rouges. Le rosé restera "de saignée" ou "de presse" (comme décrit précédemment ici), mais "de coupe" point.

Soulagement des puristes... Et de Michel Barnier, encore-Ministre de l'agriculture et tout juste élu au Parlement Européen. On ne peut rêver meilleurs débuts pour le nouvel édile qui rêve, on le sait, de devenir dans la foulée l'un des membres influents de la Commission de Bruxelles. Pour une fois, la tambouille politique aura servi la cause... Ainsi que la mobilisation des producteurs français, italiens, espagnols et suisses (photo ci-dessous), unis pour l'occasion. 

Mais dans l'affaire, quelques masques sont tout de même tombés. Car si on ne peut en vouloir à la danoise Commissaire de ne boire que du lait (?), les observateurs avertis retiendront que les industriels français du vin, eux, n'ont pas défendu bien fort les valeurs du rosé "traditionnel".
"La plupart de mes interlocuteurs me disaient finalement que si les autres le font, il serait dommage de s'en priver...", confiait récemment Michel Barnier.
Pas de petit profit pour ces groupes qui espéraient ainsi écouler des stock invendus (blanc et rouge) sur le marché exponentiel du vin rosé. Ceux-là hurlaient de jour contre les "bureaux de Bruxelles" et le coupage... Mais croisaient les doigts, la nuit, pour que tout se fasse comme prévu. Les voilà fort marris. On ne les plaindra pas...  

Lire les épisodes précédents: "Au nom du rosé" et "Le rosé, cause perdue?" 

11 commentaires:

Jean-Baptiste a dit…

Sarkozy, lui de toute façon il s'en fout, il boit que du lait pasteurisé!
Jean-Baptiste

Berthomeau a dit…

Petit cadeau entre amis : les commissaires, dont leur chef Barroso sont à renouveler...c'est tout... J'ai connu ce genre d'échanges de bons procédés dans une vie antérieure.
Nous allons enfin pouvoir parler de la qualité des rosés en toute sérénité.

contact@tiensvoiladubonvin.com a dit…

Même si la victoire est visiblement involontaire, il ne faut pas bouter notre plaisir. Nous avons déjà récupéré notre Camembert au lait cru, le "vrai" rosé. Les Verts viennent de cartonner. D'autres espoirs sont-ils permis ? Wait & see.

pinardier a dit…

arghhh,
alors vous aussi vous êtes tombé dans ce travers et dans ces facilités. Je vous pensais au dessus de tout ça cher VdMA...
et pourtant il y en a des choses à dire sur l'élaboration des vins industriels:
http://lefruit.defendu.over-blog.com/article-32313324.html

amicalement

Pinardier

L'équipe d'Après l'Effort a dit…

@ Pinardier : je reviens de votre excellent blog et j'abonde! Le péril rose est d'abord français. C'était d'ailleurs tout le sens de la petite confidence de Michel Barnier...

Ce n'était sans doute pas une raison pour laisser l'Europe faire n'importe quoi, si? A moins que vous ne préfériez que "Dieu reconnaisse les siens"...

pinardier a dit…

@VdMA: je suis de ceux qui pensent que chaque avancée des industriels vers plus de "merde" donne une chance aux artisans de faire valoir le bon, le grand. Plus les industriels iront vers le médiocre voire le mauvais, plus il y aura de place pour nos amis vignerons... cela creuse l'écart en faveur des artisans vignerons, et nous en témoignons chaque jour. il fallait donc soutenir cette autorisation pour continuer à creuser l'écart, il fallait pousser l'ennemi à se ridiculiser pour s'éffondrer, mais... vous n'avez pas compris cela et avez poursuivit votre combat, sans résultat. Vouloir faire se rapprocher la merde et le bon entretient le flou entre le vrai et le faux. C'était une erreur cher VdMA.


Amitiés.

L'équipe d'Après l'Effort a dit…

Deux stratégies, un même objectif : faire émerger le meilleur. Car nous aimons, je crois, les même vins. Et participons à les faire émerger de la "masse". N'est-ce pas l'essentiel?

Berthomeau a dit…

Et si nous faisions ensemble une dégustation des rosés traditionnels français de bas de rayon ce serait faire oeuvre utile cher Vdma mais je ne suis pas sûr que vos confrères journalistes qui ont servi de haut-parleurs à un discours démagogique s'y intéressent.
Jamais je n'ai entendu ou lu que sur le marché anglais du rosé : +25% de croissance nos cracks ont fait - 2% belle performance pour le "leader" mondial du rosé. Ne pleurons pas sur l'arrachage des vignes avec des chefs aussi loin de toutes les réalités.
Le coupage n'était qu'un leurre les futures propositions de Mariann FB le prouveront... Les français ont l'art de se fabriquer des boomerangs du style Vin sans IG avec tout ce qu'il faut sur l'étiquette et dans la bouteille pour se faire encore plus tailler des croupières par le Nouveau Monde qui ne fabrique pas que de la daube.
Bonne journée

EricL a dit…

Bonjour,

En effet y'en a qui doivent amèrement regretter d'avoir monté et participé à ce foin médiatique.

Le projet de loi ne visait pas les AOC mais les vins de table, d'abord.

Ensuite, comme croyez-vous qu'on reussit à produire chaque année la même couleur de rosé, ce qui amène forcément à faire....à faire quoi ???

Le rosé représente 25% du vin vendu en France. Souvent sous les 3 euros, les rosés AOC ont du mal à suivre. Cette loi aurait pu, peut-être, permettre au Rosé AOC de se distinguer.

Ensuite, le coupage n'est qu'un mélange. On mélange dans beaucoup de régions viticoles des vins de différents cépages, qu'ils soient rouges ou blancs peu importe, on mélange. Ca ne choque personne.

Enfin, comme fait-on le Champagne ? Et le champagne Rosé ? ... avec du coupage, simplement. Ca ne choque personne.

Donc il vaudrait mieux élever la qualitté d'un coupage de bon vin honnête que des mauvais rosés "purs"...(quelle pureté !)

Eric

Pierre de Caunes Mvs a dit…

Le souçi du coupage n'est pas tant l'abération oenologique qu'il représente que son inutilité aujouté au danger du grand n'importe quoi généralisé. Inutile parce que les surplus de vin se trouvent essentiellement dans les rouges. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de faire vous même un rosé de coupage : une grosse quantité de blanc et un goutte de rouge suffisent. Alors quoi? Allons nous faire faire à nos viticulteurs du vin blanc en grande quantité afin d'écouler leur rouge invendu en fabriquant du rosé dégueulasse et indigeste? Honnêtement, des conneries aussi grotesques, ce ne serait pas une nouveauté.

Le danger, c'est que mimile et bobonne, quand ils achétent du rosé, en général ils s'en balancent de savoir si oui ou non il est bon ou pas. Dans l'esprit de nombre de Français, le rosé c'est le copain du Ricard. Alors on veut quoi? Donner à tous des vins de merde comme en 14 ou travailler à ce que Mimile et bobonne aillent un jour dans leur vie chez Palacios pour découvrir un rosé de plaisir? Un jour on fait du vin de table rosé en coupant rouges et blancs, et puis un autre on en fait du vin de pays. Pourquoi pas après tout. Et après? On fait quoi? Du rosé liophilisé?

LALAU a dit…

Petit contre-pied. La loi, c'est une chose, mais la qualité de nos fiers rosés de macération en est une autre...

http://hlalau.skynetblogs.be/post/7144397/comment-faire-un-bon-vin-rose

Et bravo pour votre blog.

Hervé LALAU