mercredi 3 décembre 2008

Trop "classique", Valette?


Surprise de Cécile et Philippe Valette lors d'un Salon des vins naturels, le week-end dernier à Caen. Une cliente, visiblement adepte, goûte les blancs du couple. "Ça c'est bon!", s'exclame-t-elle avant d'ajouter en confidence:
"Moi, j'adore les vins natures. Même si c'est pas toujours... Enfin vous voyez... D'habitude, j'aime pas les vins classiques comme les vôtres. Mais des comme ça, j'en boirais tous les jours!"
Être catalogués "classique", après des années de bagarre contre les pesticides et les sulfites, Cécile et Philippe n'en sont pas revenus. Car, inutile de le préciser, les vins des Valette sont bel et bien vinifiés de manière naturelle à partir de raisins plus bios que bios (voir "Philippe et les herbes folles").
"Visiblement, elle cherchait le défaut, explique Cécile. Comme si c'était une marque de fabrique... En fait, nos vins étaient trop droits pour l'idée qu'elle se fait des vins naturels!"
Drôle de raccourci tout de même qui rapproche en une phrase les militants du vin nature et leurs ennemis les plus farouches. Flou, approximatif = bio. Droit, précis = classique. Comme si les vins bios devaient se mériter et déranger (un peu) le palais. 

L'histoire me fait penser à une autre: il y a quelques semaines, de larges affiches en 4 par 3 vantaient sur les murs de France les vertus d'un café équitable en ces termes: "Ne m'achetez pas parce que je vous donne bonne conscience. Achetez-moi parce que je suis bon". Ce qui vaut pour le café, doit aussi valoir pour le vin, non?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

On pourrait dire aussi - avec juste une pointe de mauvais esprit (!): "Ne refusez pas de m'acheter parce que je serais classique. Accepter de m'acheter parce que je pourrais être bon"... Et puis, au fond (bien au fond parce que ça serait un peu, comme qui dirait, tabou), "nature" ou "classique", le désir d'un vin, par delà être bon, ne serait-il pas - étrange personnalisation? - d'être "préféré" ("parce que c'était lui, parce que c'était moi"...)?... Ce qui n'exclut nullement d'en préférer beaucoup!

Bien à vous - Bernard

Anonyme a dit…

C'est aussi une bonne chose de voir que les vins "natures" sont maintenant clairement identifiés par ce qui les boivent comme par ceux qui les décrient. C'est un signe de présence forte et certainement de pérennité. En même temps, cette nouvelle visibilité a changé une partie de l'image des vins "classiques" qui sont maintenant de plus en plus vus comme des vins "technologiques" voir pire, des vins "chimiques", même par certains qui les boivent et qui changent de camp !

Les vins "natures", un cheval de troie dans l'Hexagone du vin productiviste ?

Je sais, certains vont m'accuser de prendre parti de façon scandaleuse pour ces vins "natures", qui ont tant de défauts ! d'être un bobo, et surtout un piètre dégustateur (mot vaniteux que je hais par ailleurs)...

Mais, est-ce que je prends plus parti que ceux qui les taxent de puer, de n'être qu'une somme de défauts, voir de l'arnaque ? ;-)

Et puis, s'ils avaient autant de tares, seraient-ils autant plébiscités ?

Allez, bon vin !

Anonyme a dit…

A Vnr et tout autre qui lira,

Evacuons d'emblée ce fait de base que le vin n'est pas - ne peut pas être - un produit "naturel": le devenir du jus de raisin - liquide sucré - livré à lui-même, c'est à dire à l'action de microorganismes présents dans l'atmosphère, est le vinaigre - liquide acide, et non le vin - liquide alcoolisé, parce que la molécule "acide" est plus stable chimiquement - par saturation - que la molécule "alcool"... Mais dire cela n'est rien dire car le vin, comme tout ce dont l'Homme s'empare - et spécialement tout ce qu'il ingère - est affaire de mots (c'est à dire "cosa mentale") et donc de subjectivité, c'est à dire de présupposés, c'est à dire de connotation: ainsi, "classique" peut se dire "technologique" voire "chimique" (=horreur, et tout au moins danger)... Rien de plus mouvant - et de plus influençable - que le jugement de goût (c'est bien connu). Ce pour quoi, par exemple, nous utilisons parfois en dégustation de travail des "verres noirs" (totalement opaques): cela réserve bien des surprises (y compris confondre vin blanc et vin rouge!) et rend ainsi plus modeste... Au fond, la différence (la frontière) ne me paraît pas tant se situer entre "nature" et "classique" qu'entre "conduire" et "laisser faire": le vin est toujours le résultat, plus ou moins atteint, d'un objectif que le vigneron s'est fixé (dans sa tête)et, que les moyens qu'il aura mis en oeuvre aient été "naturels" ou "classiques", il aura dans tous les cas "fait quelque chose" (la "poïésis" des Grecs - en quoi le vigneron est un "poète") pour essayer d'atteindre son objectif! Le hasard fait rarement oeuvre poétique...
Et, en dernière analyse, relire Pierre Dac: "Je préfère le vin d'ici à l'eau de là".

A la vôtre - Bernard

Anonyme a dit…

ALORS, A QUAND UN NOUVEAU LYNCHAGE NUMERIQUE ORGANISE POUR " SORTIR DE LEUR BOITE DES GENS " QUI AURAIENT BESOIN D UNE BONNE LECON PARCE QU'AYANT DÉPLUT A CE GROS CONNARD DE SI PEU PRESIDENT , MEUH ?
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