jeudi 21 janvier 2010

Une si jolie petite vigne...


C'est un coteau de Grenache et de Cinsault, adossé aux derniers contreforts des Pyrénées. Plantés en 69, ces ceps vénérables ont survécu à la folie "bordelaise" qui a saisi la Malepère il y a vingt ans. Et à la crise qui pousse chaque année des dizaines de vignerons à l'arrachage... Mais il s'en est fallu de peu au printemps dernier. Cette fois, ils n'ont dû leur salut qu'à la détermination de l'inévitable Palacios.
"Ça me fait plaisir que ce soit toi!", a dit l'ancien propriétaire à Frédéric, en topant-là. "En fait, je t'attendais. De toute façon, c'était ça où la vendre à un voisin qui voulait en faire une piste de moto-cross pour son fiston... Alors..."
Alors, il a vendu... Pour le prix de la terre et celui de la prime d'arrachage. Quelques milliers d'euros avec en bonus de vieux figuiers-fleur, une poignée de cerisiers, quelques chênes verts et un bout de talus enlacé de ronces.

Oui, c'est une jolie petite vigne... Et le fait qu'elle soit exposée au Nord ne gâche rien à l'affaire. Ici, lorsqu'il neige, le sol reste blanc un peu plus longtemps que chez le voisin. Et l'été, la terre est fraîche - parait-il - plus souvent qu'à son tour. Mais elle a du mal à tenir, cette terre, érodée par quatre décennies de désherbage chimique. Le sol a glissé. Les ravines se sont creusées. Ici ou là les ceps branlent. Ils ne tiennent plus qu'à un fil. Ténu. Un vrai casse-tête.
"Il faudrait ramener de la terre, grimace Frédéric en se grattant le crâne. Mais c'est un travail de titan. Il faudra ramener de l'herbe. Ramener de la vie en fait... C'est ça! On va la laisser vivre un peu... Laisser le sol retrouver des forces. Ne pas stresser la bête. Tant pis si la prochaine vendange est maigre. Elle a besoin de respirer un peu cette vigne. Il ne faut pas la stresser...".
Sitôt signé, Frédéric a donc été remplir les papiers de la conversion en bio. Et puis il s'est mis à l'oeuvre. Tout doucement. Mi-janvier, le vigneron d'Arzens a taillé ses vieux ceps. En gobelet, comme il se doit. Et après? "on verra", comme il dit... A chaque mois suffit sa peine. Une vigne ne renaît pas en un jour.

On peut aussi lire "l'incontournable de la Malepère" et se souvenir d'un petit quizz où vous aviez déjà entrevu cette fameuse vigne...

PS : Frédéric cherche un nom pour sa future cuvée Grenache/Cinsault... A votre bon coeur, m'sieurs-dames!

3 commentaires:

franck a dit…

bonjour, il me tarde de voir ce que va bien pouvoir nous faire frédéric avec ces deux cépages bien languedociens.

Bernard a dit…

Il faut essayer coute que coute de
garder les veilles vignes. Ce n'est pas facile tant la pression est par ailleurs importante.Il est évident que le bon vin sera issu de peu de production et
notamment d'un enracinement au terroir...

Je pense qu'il faut le dire, le redire et le répéter. Dans notre coin une majorité de viti sont dans l'intensif sans se poser de questions.... J'ai l'impression qu'ils répondent, en travaillant, uniquement a un besoin financier alors que chez d'autres ( les poètes et les fous) on répond plus à une envie qu'a un besoin.C'est diamétralement opposé.....

J'ai le sentiment que le public non averti ne sait pas assez, que pour produire du bon, il faut produire peu, il faut produire beau, il faut produire terroir, enracinement. Allez répétons
le... Je garderai mes veilles vignes.

Bernard, vigneron-potier.

Alexandre a dit…

Bonjour,
Ravi que Frédéric est aggrandi son vignoble! Ça va aggrandir notre plaisir par la même occasion...
Enfin, pour cette prochaine cuvée, V comme vie pourrait lui aller? Après tout, c'est bien de la vie que va remettre Mr Palacios sur ce bout de paysage.... Félicitations et merci encore de nous ravir de tes nectars.
Alexandre-Vinone