jeudi 14 février 2008

En attendant Mauguio...


Lundi, s'ouvre à Montpellier la grand messe des vins du sud.

Vinisud, il faut le dire, c'est impressionnant : 1760 exposants dans le parc des expositions de Montpellier. 35.000 visiteurs professionnels, importateurs, grossistes, grande distribution... Des chiffres en augmentation tous les deux ans et qui justifient le prix des stands : 3000 euros pour 7 malheureux mètres carrés ou le loisir d'aller tenter sa chance sur un stand collectif pour 1500 euros les trois jours.
"Moi ce n'est pas mon truc, explique Frédéric Palacios, assez gonflé pour un jeune chef d'entreprise. D'abord parce qu'il y a cet investissement de base. Mais aussi parce je ne veux pas être noyé dans la masse. Le rêve des exposants c'est de réussir à vendre deux à trois palettes annuelles (environ 1800 bouteilles, ndla) ne serait-ce que pour rembourser l'investissement. Ca ne se critique pas, c'est juste pas mon créneau : j'essaie de faire un vin qui a une identité, une personnalité. Je ne vois pas comment sortir du lot dans ce type de salon, même si il est formidablement organisée. Et puis franchement, c'est comme un réalisateur qui ferait des films d'auteur et qui irait dans un festival ou les block-busters et le sitcoms sont majoritaires. Ca n'a pas de sens".
Lundi matin, Frédéric ne sera donc pas sur le Stand des vignerons de la Malepère. Inutile de chercher son nom dans la liste impressionnante (et parfois alléchante) de ceux qui ont décidé de tenter leur chance à la grande loterie de Vinisud

Lui, la joue "Off", à partir du 9 mars, chez les adeptes de Vinum Nostrum. Le jour et la nuit. 

Installé au Patio de Mauguio pour sa troisième édition, Vinum Nostrum est à Vinisud ce que le festival du film de Sundance est à Hollywood : le rendez-vous des auteurs et des indépendants. Ici pas de stand, pas d'allées, pas de plan. Tout le monde se retrouve, grands noms et nouveaux venus, visiteurs et vignerons, dans cette ancienne cave viticole, située en coeur de village, à une dizaine de kilomètres au sud du Parc des expos de Montpellier (voir plan). 

Pas de location, pas de mètre carré facturé, mais pas de passe-droit non plus : tout le monde paie sa place. Cinq euros à l'entrée. Le prix d'un verre.
"Il y en a à qui ça n'a pas plu, raconte Charlotte Senat. Des critiques, des cavistes qui sont habitués au tapis rouge et aux entrées gratuites. Désolé... Ici c'est le même prix pour tout le monde".
Autre règle imposée cette fois aux vignerons : on ne peut participer au Vinum Nostrum (liste) que si l'on ne participe pas à Vinisud. Une "exclusivité" et une exigence qui n'ont pas empêché de grands noms de signer cette année encore. A Mauguio, on retrouvera donc les Richaud (Cairanne, ci-dessous), Lapierre (Morgon) et Arena (Patrimonio, photo à droite), Plageoles (Gaillac)... Ces stars du vin de terroir qui font briller les yeux des nouveaux venus :
"Je fais Vinum Nostrum parce que c'est une reconnaissance, dit Frédéric Palacios, qui y est invité pour la première fois cette année. Une marque de fabrique... Arena, Richaud... Tu te rends compte! Ce ne sont pas mes Maîtres, parce que je ne veux pas penser comme ça... Mais ce sont des types formidables qui ont fait le chemin avant nous. Et puis je me sens totalement dans leur courant. L'idée du vin qui a la personnalité de son terroir et de celui qui le fait".
Les habitués (Magnon, Cazottes, Bernard et les autres) croiseront donc de (petis) nouveaux... Comme Frédéric ou le gascon Dominique Andiran. Tous "cooptés". C'est le principe:
"Les nouveaux sont toujours pressentis par rapport à l'honnêteté de leur travail et leur façon de se représenter, explique Marcel Richaud. Ca représente bien le monde qu'on veut rencontrer, celui des vignerons-artisans et des cavistes qui aiment cette façon de travailler, ce respect du terroir. Tout au long de l'année, on grandit en fonction de son voisin immédiat... Là, on ouvre les espaces. On partage les méthodes entre des gars venus de toute la France, on étoffe les réseaux. Là aussi, il y a un effet de synergie, parce que chacun va parler dans sa région du vin des autres. Chacun est prescripteur pour les autres".
Dans le petit club des Vinum Nostrum, un producteur de cidre, cotoie ainsi le pape du Gaillac-vieille vignes et un artisan du Muscadet, un ancien photographe de presse partagé entre la Loire et le Languedoc (dont a déjà parlé ici).

Sans doute cette année encore, certains trouveront-ils la salle trop petite ou le jazz trop généreux. Le problème des Senat c'est qu'ils ne font jamais rien à moitié. Et puis, comme dit Jean-Baptiste:
"C'est un premier contact. L'idée c'est que l'on se retrouve ensuite à la propriété pour un contact plus serré... Plus intime".
Mauguio aura donc sans doute, encore cette année, un petit coté speed-dating. Les amoureux des vins d'auteurs ne s'en plaideront pas.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pardon de mettre ce message ici, mais je ne trouve pas d'adresse email pour vous écrire...
C'était juste pour vous signaler que, ayant trouvé votre blog intéressant, je l'ai ajouté sur ma page http://www.chateauloisel.com/annuaire-vin/notes-blog-vin.htm

Je souhaite une longue vie à votre blog...
:-)
Amicalement,
Remi Loisel