dimanche 3 février 2008

De l'Art de cultiver son réseau...


En ce début d'année, le vigneron s'exporte. 

La taille est déjà bien avancée. La vigne se repose. En chai, le vin promet de nouveaux voyages. C'est l'heure où se décident les nouvelles cuvées et où s'affinent les arguments de vente. Car il n'est pas tout de faire de beaux vins, encore faut-il qu'ils trouvent acheteurs. C'est le moment où l'ermite des champs se fait urbain. Convivial, voire commercial. Sillonne les fêtes, les dégustations et les festivals. Cultive son réseau... Après des mois de solitude (ou "de tranquilité", comme dit l'ami Maxime), le vigneron fait son outing...

Quelques échantillons sous le bras, quelques caisses du millésime précédent en coffre et leurs tarifs en poche, nos amis ont donc repris la route.

La semaine dernière Catherine Bernard était à Paris dans l'un de ces bars branchés où l'on raffole du Languedoc nature. Maxime Magnon s'est échappé du coté de Lyon où "les amis de la Cugnette" s'étaient donnés rendez-vous. Carnet de bal bien rempli, les Homs de Jean-Marc de Couzals, étaient eux de passage à Ecouen (Val d'Oise) pour le Salon des Vins & Accords Gourmands. Jean-Baptiste, Charlotte et les enfants Senat préparent eux une virée parisienne avant de rejoindre Le Havre où l'Omnivore Festival s'apprête à honorer la "dive bouteille" et les vignerons "naturels".

Loin d'être en reste, quoique plus régional, Frédéric Palacios, lui, était en repérage lundi dernier à Perpignan où se tenait le traditionnel "Millesime bio". "Pour voir", comme il dit avec une lueur malicieuse au fond de l'oeil. Il en est revenu avec quelques découvertes qu'il prescrit comme toujours avec modestie.

Amateur de vin de cépage, lui qui affine pour la première année un 100% Carignan, il est tombé avec plaisir dans les bras de Xavier Ledogar, "le seul Corbières bio de Boutenac". Encore un vigneron que sa famille a tenté vainement d'éloigner des sentiers arides de la viticulture... Et qui y est revenu par la fenêtre ! Le père Ledogar a fini par céder à la passion de son fils et, avec l'aide de son frère, Xavier élève désormais au Domaine des Grands Lauzes un pur Carignan 2006 qui ne déplairait pas aux amateurs de "vins d'hommes". Frédéric, qui est difficile, lui a trouvé "un bel élevage, de la puissance, mais aussi une jolie finesse". Tentez aussi l'Archaïque sa "vendanges tardive" de Mourvèdre. Elle a parait-il de quoi surprendre...

Quelques pas, le temps de reposer la papille de ce premier contact "viril" et le voilà qui croise la route d'Henry Gayzard. Pas d'arrogance chez l'un des plus anciens bio des vins de pays de la cité de Carcassonne. Dix ans déjà :
"Ses vins blancs ont une jolie simplicité, dit Frédéric charmé. Beaucoup d'acidité (dans sa bouche, c'est un compliment, ndla) et une belle fraicheur".
Au domaine Sainte Marie les Pins, à mi chemin entre Carcassonne et Limoux, Henry et sa femme élèvent seuls dix-sept hectares de vignes autour d'une jolie maison d'hôtes. Sauvignon, Chardonnay, Viognier... Quatre bras pour des raisins vendangés à la machine, qui ne visent pas la lune, mais qui, pour quelques euros, valent, parait-il, le détour.

Enfin le tonitruand de la bande : Emile Hérédia, ancien photographe (du très Saint Père aux Folies Bergères) reconverti dans le vin depuis 1999. L'homme défraya la chronique avec son "Boisson rouge", un frizzante, un pétillant à l'italienne. Cet Emile là, donc vient de prendre pied en languedoc au Domaine des Dimanches (6 hectares). Sans lâcher pour autant ses vignes du Vendômois, 600 kilomètres plus au nord. Exercice d'equilibriste, sans doute, dont Frédéric a retenu les blancs magnifiques de la Loire...
"... Ses Domaine de Montrieux sont fantastiques, dit-il. Une longueur de bouche extraordinaire. Une finesse exceptionnelle. Remarquablement maitrisés. Vraiment très beaux. Des chenins blancs, je crois. Le plus beau sans doute est le Pineau d’Aunis (rouge clair, ndla)".
Tant de superlatifs dans la bouche d'un éternel perfectionniste, voilà un compliment qui ne devrait pas passer inaperçu...         


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